Voilà quelques semaines que Caroline s'était exilée sur la Lune. Quelques peu nostalgique de sa vie terrienne, elle s'empara d'un petit carnet. C'était en fait son journal intime, mais cela, personne ne le savait. Depuis la mort de sa mère, la jeune héritière tenait ce petit calepin où elle notait ses sentiments, impressions ainsi que quelques anecdotes. Aujourd'hui elle n'avait pas l'intention d'y écrire quoi que ce soit, mais plutôt de lire. Histoire de se remémorer ses souvenirs sur son ancienne planète. Malgré le fait qu'elle soit plutôt heureuse de pouvoir continuer à vivre plus ou moins normalement, elle ne pouvait nier que le simple fait de marcher sur un sol ferme lui manquait. Assise sur son large lit de deux places, voire plus, elle s'assit en tailleur et tendit l'oreille afin de vérifier qu'elle était bien seules. Ou qu'il n'y avait personnes dans un périmètre de dix mètres. La fierté faisait qu'elle ne voulait pas que quelqu'un sache qu'elle tenait un journal, pas même ses frères. Après s'être assurée qu'elle était bien seule, Caroline l'ouvrit et commença à le feuilleter, ne sachant pas vraiment pas où commencer. Elle tomba sur une petit plume qui était collé à une page, et soudain elle se souvint. C'était un beau d'un serre-tête que sa mère lui offert, un peu avant de mourir. La jeune femme déglutit et préféra se remémorer sa vie, plutôt que dans son carnet. Elle le ne cessa pas de le feuilleter pour autant, avant de plonger dans ses rêveries.

Caroline et Bonnie du haut de leurs huit ans respectifs secouèrent catégoriquement de la tête, leur réponse était clairement un non. Leur mère poussa un soupir, ses bébés avaient bel et bien grandit. Le temps où elle les habillait en petites filles modèles, et surtout exactement de la même manière était révolu. Car oui, malgré le peu de temps qu'elle disposait pour sa vie privée, Mme Smith tenait beaucoup à habiller ses enfants. Depuis toujours elle leur avait acheté les mêmes habits, et souvent elle se plaisait à ce qu'elles les portent en même temps. Malheureusement, elles avaient déjà chacune leurs styles. Ou en tous cas, elles savaient pertinemment qu'elles ne voulaient plus sortir dans la rue, et être l'attraction des passants. Merci Dieu, les jumelles ne se ressemblaient pas plus que deux soeurs, même si leur chevelure blonde et leurs yeux clairs étaient était des traits physiques communs. Tout comme leur jeune frère Jeremih qui faisait déjà craquer toutes ses camarades de classes ainsi que la presse people. Cette dernière s'amusait d'ailleurs à critiquer chaque tenue des enfants, qui étaient connu pour être particulièrement distingués des autres enfants de leur âge. Bonnie se risqua la première à donner son avis sur la tenue proposée « C'est nul. Je veux mettre cette jupe. » quasiment instantanément, Caroline suivit son double en appuyant sa réplique. « Oui, et en plus je veux mettre celle-là. » La petite fille pointa du doigt sa nouvelle petite merveille, comme elle se plaisait à l'appeler. « Très bien, j'imagine que je n'ai plus mon mot à dire sur vos tenues hein ? » Fières de leur coup, Caroline et Bonnie souriaient jusqu'au dent, alors que leur mère levait les yeux au ciel. Pressée, car elle devait passer tout un tas de coup de fil pour la gestion de l'hôtel, la mère de famille abandonna ses enfants en les embrassant chacun leur tour, et quitta l'immense appartement. Ils étaient à présent livrés à eux-mêmes, même si les domestiques grouillaient de partout. Leur frère étant probablement occupé à jouer avec ses voitures, les jumelles n'eurent besoin de remuer le lèvres. Un regard suffit pour qu'elles se comprennent. Ainsi, elles se dirigèrent vers la penderie de leur très chère mère, en cachette , prenant soin d'éviter les personnes censée les surveiller. Elles saisirent également une des nombreuses boîte à maquillages qui se trouvait dans la salle de bain de leur chambre. Direction leur cachette, un coin qu'ils avaient tous les trois adoptés, afin d'y accomplir toutes les bêtises possibles et inimaginables. Ensemble, elles rirent et se prirent au jeu. Rouge à lèvre rouge vif, mascara ou encore far à joues, tout y passait. Même s'ils étaient maladroitement mis, on pouvait dire qu'elles s'éclataient littéralement. « Qu'est ce que vous faites ? » Elles sursautèrent, et l'un d'entre elles poussa même un cri. Pas de panique, çe n'était que se tenant Jeremih sur le seuil de la porte, l'air interrogateur. « Ferme la porte ! Ferme la porte ! » Surprit par le ton de sa sœur, le blondinet s'exécuta avant de bondir jusqu'à elles. « Alors, vous faites quoi ? » « Ben, des trucs de fille. » Il grimaça, et s'apprêtait à faire demi-tour. « Bah reste, tu peux être utile. » « Pff nan, j'suis pas une fille moi. » « Rhoo, c'est bon hein. Ca va pas te tuer de m'attacher les cheveux. » « Pff nan ! » « Laisse-le, il veut pas. » Caroline haussa les épaules, avant de retourner à ses occupations. « Je pourrais le dire que vous avez prit le maquillage de maman. » Sept ans déjà, et il se faisait déjà menaçant. Bonnie leva les yeux, et le défia du regard. « Fais-le, et je dirai à Coco où sont passés ses bracelets. » A son tour, l'intéressée fixa son frère du regard, puis sa soeur. Apparemment elle avait râté un épisode car elle n'avait absolument aucune idée de ce dont il étaient en train de parler. « Quoi, quels bracelets ? » Jeremih siffla et tira la langue en direction de Bonnie, avant de quitter la pièce.

« Pardon ? » Abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre, Coco demanda à ce qu'on le lui répète. Son cœur se mit à battre la chamade, et elle eu subitement l'impression que son monde s'écroulait. «Heuu, mademoiselle Knowles, votre mère est.. » « TAISEZ-VOUS ! » Elle avait très bien entendu, elle ne voulait simplement pas y croire. C'était impossible, surréaliste, tragique. « Raina Smith-Knowles, l'épouse du célèbre Hector Knowles est décédée ce matin, à la suite d'une crise cardiaque. » C'était le titre de tous les journaux, une tragédie nationale. Ca l'était encore plus pour Caroline qui était dans le déni total. Tout irait, elle n'était que dans un cauchemar qui prendrait fin quand elle se réveillerait. Assise sur un banc de l'hôpital central de Los Angeles, Caroline se replia sur elle-même, mettant sa tête dans ses bras. Elle ne voulait plus rien savoir, rien entendre. C'était bien trop douloureux. Comment sa mère, son tout avait pu disparaître ainsi ? Le dernier mot qu'elle lui avait adressé était « non ». Comme souvent, la jeune fille était en désaccord avec sa mère, et l'adolescence n'était pas pour arranger les choses. Seize ans, et elle était déjà à moité orpheline. « Toutes mes condoléances.. » A bout, fatiguée d'être la victime d'une terrible injustice, Caroline leva les yeux lentement vers la personne qui venait de lui présenter ses condoléances, d'une voix pleine de pitié. « Il me semble qu'on vous a dit de vous taire, non ? Oh et puis DEHORS. » La famille proche avait été réunie dans une petite salle de l'hôpital. Mr Knowles tentait bien que mal de tenir le coup pour ses enfants, mais on pouvait lire sur son visage qu'il était sur le point de craquer. Bien qu'elle ne soit née que quelques minutes avant sa soeur, Bonnie prenait très à coeur son rôle d'aînée de la fratrie. Aussi bien qu'elle s'assit par terre, entrainant sa jumelle et son frère cadet. L'un posa sa tête sur ses genoux, et l'autre sur son son épaule. C'est tous les trois qu'ils finirent par verser leurs larmes, malheureux. Caroline prit la main de son frère qui se trouvait de l'autre côté de sa soeur, et la serra de toutes ses forces. Non pas pour lui faire mal, mais pour lui montrer qu'elle était là, et qu'ils seraient soudés plus que jamais ils ne l'avaient étés. Alors que les adolescents avaient plus ou moins fermés les yeux sous le choc, leur père arriva vers eux les prenant dans ses bras sans rien dire. Il n'y avait rien à dire, chacun allait faire son deuil à sa manière. Tout à coup, la phrase « l'agent ne fait pas le bonheur » prit tout son sens. Coco prit conscience qu'elle n'était pas intouchable, et que sa mère n'était pas immortelle sous prétexte qu'ils étaient riches. Ils n'étaient que des humains, et à cette pensée, ses pleurs redoublèrent.